RC Arles Delta : un beau week end de novembre en Corse
Le week end du 11 novembre, quatre jours devant nous : belle virée en Corse, course de cote, fête du vin à Patrimonio, tour complet de cette belle île avec ballade en bateau à Bonifacio en prime.
Tout a commencé par Jean-Claude et Roland autour d'une carte, celle de l'île de Beauté.
Pourquoi la Corse ? Mais parce que les Blanc -Christophe et Sylvie- s'y étaient installés quelques mois plutôt. Alors, pour tous, le but était de leur rendre visite.
Nous avions opté pour le week end du 11 novembre qui nous offrait trois belles journées de ballade. En y rajoutant le jeudi et deux nuits en bateau entre continent et île, cela nous réservait quatre jours pleins !!! Dix d'entre nous étaient partant.
Plusieurs projets avaient été discutés. Au plus minimaliste -Bastia et le Cap Corse-, se sont ajoutés, petit à petit, mille envies de paysages à découvrir : Corte et la montagne, Bonifacio et ses gorges, Porto Vecchio et sa baie... Bref, le tour quasi-complet de l'île. Et puis, Christophe nous avait donné rendez-vous à la fête de la saint Martin, à Patrimonio.
Comment y aller ? Rien de plus simple pour les arlésiens que nous sommes : avec nos voitures, direction Marseille et son port, un beau bateau, le Jean Nicoli (on verra une stèle à ce héros de la résistance dans l'Alta Rocca), nous y attendait. Et vogue la galère ! Une nuit à bord et nous abordions l'île.
Jour 1 : Ajaccio - Cargèse - Calvi - la Balagne
Nous débarquons au petit matin à Ajaccio, la ville impériale.
Un peu tôt pour entamer les premières visites des hauts-lieux napoléoniens et des musées dont la magnifique collection Fesch, du nom du cardinal oncle de Napo (on reviendra...).
Pas même un petit café... nous filons vers le Nord, sur Cargèse. Le village se chauffe au soleil. Se font face ses deux églises, la latine et la grecque orthodoxe, souvenir de l'arrivée de colons grecs en 1676.
"Mais rentrez donc chez vous ! La saison des touristes est finie !" : c'est "l'accueil" corse, avec un grand sourire tout de même et un bel éclat de rire.
Cependant, et malgré une météo exceptionnelle, c'est vrai que nous ne serons pas bousculés par les touristes. La Corse, en novembre, est aux Corses.
La mer est étale, le soleil étincelant. Quels paysages grandioses !
Les calanche de Piana. Le village, avec ses maisons de granit rose, est classé parmi les plus beaux villages de France. Mais ceux sont les aiguilles rocheuses qui nous enflamment.
Le site est protégé, classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, et ses espèces naturelles préservées.
Déjeuner à Calvi, puis ballade digestive dans la citadelle gênoise, avec son impressionnante tour du sel du XIXe s.
Nous y retrouvons un Gênois, Cristoforo Columbo : certains assurent qu'il est né en 1441 à Calvi... La ville est fidèle aux Gênois d'abord, puis aux Français. L'amiral Nelson y perdra un oeil.
Ben oui, l'histoire de l'île est partagée : Grecs, Carthaginois, Romains, Pisans, Aragonais, Gênois, Turcs, Français, Anglais... Corses d'abord.
De Calvi à Saint-Florent s'enchaînent les paysages de toute beauté de la Balagne et du Nebbio. Nous arrivons à la nuit tombée dans le magnifique petit port de Saint-Florent, sur la "Conca d'Oro", tout endormi pour l'hiver.
Nous traversons la péninsule du cap Corse par nuit noire pour arriver dans les méandres de la circulation de Bastia et trouver notre hôtel, à San-Martinu-di-Lota, conseillé avec raison par Christophe qui nous rejoindra pour l'apéro, en compagnie de Gérald venu également profiter d'un long week end corse et ... des fêtes de Patrimonio.
Ce n'est qu'au petit matin que nous découvrirons le must du must : un spectale spendide depuis nos fenêtres d'hôtel surplombant Bastia et englobant la mer à perte de vue.
vue depuis ma chambre et depuis celle de Patricia et David.
Jour 2 : Le cap Corse - Patrimonio - Corte
Départ tôt, nous sommes attendus pour déjeuner à Patrimonio. Il ne faut pas traîner. Auparavant, nous faisons le tour du cap Corse. Un peu vite, selon certains, car là aussi, nous en avons plein les mirettes : paysages, tours génoises, petits ports ou marines...
Pause à Erbalunga avec son castellu (restauré en 1998) et sa tour génoise du XVIe s., mais aussi l'église Sant-Erasmu, protecteur des marins et des pêcheurs.
une vraie photo de carte postale !
Nous reviendrons pour Castello et les fresques de 1386 (les plus anciennes conservées en Corse) offertes par Benedicta, épouse du seigneur de Brando, dans l'église Sainte-Marie-des-Neiges (mais pourquoi "des Neiges" ? aujourd'hui, en février, alors que Bastia est sous la neige, on a partie de la réponse...).
Bien abritée des vents, la marine de Macinaggio, dernière étape des plaisanciers vers le continent, était déjà un port à l'époque romaine.
Belle vue sur la réserve naturelle des îles Finocchiarola, refuge des goélands.
Mais que fait donc ce voilier là-bas ? si,si, près des îles, il y a bien un voilier à la cape.
Rogliano, un village de montagne avec son château féodal démantelé par les Génois en 1554, et ses villas "d'Américains" aux toits de lauzes qui ont l'air abandonnées et que l'on achèterait bien...
Alors que nous y faisons une pause, des parents d'"Américains" recherchent "leur" villa, la maison dont ils viennent d'hériter. L'église Sant'Agnellu (XVIe s.) conserve une balustrade de choeur offerte par l'impératrice Eugénie lors de son retour d'Egypte où elle avait été inaugurer le canal de Suez (1869).
On redescend la côte occidentale à partir du moulin des Mattei ... il faudrait tester leur décoction de plantes, d'oranges et de quinquina !
Centuri, l'antique Centurium, un délicieux petit port de pêche à la langouste, dernier vestige d'un grand port d'exportation des produits du cap. Les restaurants sur le port sont fermés : on reviendra pour y goûter à cette fameuse langouste.
Patrick, ça y est, je l'ai trouvée la maison de mes rêves !
Après un petit bout de route façon Sébastien Loeb (n'est-ce pas David !) et les mines d'amiante fermées en 1965, pause à Nonza pour ce tableau de sainte Julie, dans la jolie petite église baroque de la fin du XVIe s., qu'il ne fallait louper sous aucun prétexte...
Originaire de Nonza, Julie y a été martyrisée en 303 ; son bourreau lui coupa les seins et les jeta sur les rochers d'où jaillirent deux sources. Avec sainte Dévote, Julie est la patronne de la Corse.
En revanche, on reviendra pour la tour carrée, construite par Pascal Paoli dans son programme de défense stratégique de l'île contre Anglais et Français, et pour l'écomusée du cédrat.
Nous arrivons avant la fin de la cérémonie à Patrimonio. Le village est entouré d'un vignoble AOC le plus réputé de Corse. A la saint Martin (bon, ce n'est pas la saint Martin, juste le 11 novembre), on célèbre ce vin.
Saint Martin est de sortie ainsi que les congrégations, les membres de chacune revêtus de leurs habits de cérémonie.
Du haut de ses 2,70 m, la statue-menhir U Nativu regarde tout ce faste avec envie. Ca sent la tradition, profondément ancrée dans les mentalités. On est en Corse.
Certains partageront le frugal repas de la fête, accrochés à une bouteille de vin de pays chèrement gagnée, à partager ou à échanger
avec tous ces gens -purs Corses- qui viennent du village, de la région, de Bastia, du continent pour l'occasion ;
d'autres préfèreront une bonne table, des petits farcis, un vrai repas...
Retour aux voitures. Nous filons sur Corte, en retournant à Bastia (nous repassons alors par cette jolie route faite la veille, de nuit), puis en nous engouffrant dans la vallée du Golo.
Corte, le soir. Les montagnes nous environnent. Avec son belvédère, vestige de la citadelle du XVe s. accrochée au rocher et reconstruite sous Louis XV, Corte est la véritable capitale de la Corse. A la confluence de la Restonica et du Tavignano. C'est là qu'a été établie l'université voulue par le Babbu di a Patria, Pascal Paoli, en 1765.
Paoli Gaffori
"Les Amphoux ont pris les devants, moi j'ai pris les valises !" (Christian dixit). Petit hôtel agréable, dîner délicieux avec produits du pays (charcuterie, châtaignes, fromages...). On a quitté la côte et cela se sent. L'air de la montagne nous terrasse rapidement.
Jour 3 : col de Bavella - Zonza - Bonifacio
Abandonnant le soleil aux citronniers, nous attendaient les nuages, accrochés aux aiguilles de granit rouge de Bavella
mais aussi les cochons noirs corses, têtus ...
... et un tantinet accrocheurs (n'est-ce pas Annick ?).
A 11h à Zonza, le groupe se sépare : certains courent jusqu'à Bonifacio pour la ballade en bateau (départ à 14h), d'autres veulent prendre leur temps, respirer, apprécier ces paysages splendides.
Ils auront le temps de visiter le musée de la Préhistoire de l'Alta Rocca, où loge désormais la "dame de Bonifacio" (milieu du VIIe millénaire). Une des richesses archéologiques majeures de la Corse est ses si nombreux sites préhistoriques accessibles que par un peu de marche et à côté desquels on ne fait que passer : nous reviendrons...
Pour ceux-là, la descente vers Bonifacio se fera par Sainte-Lucie-de-Tallano, Fozzano (le village de la Colomba de Mérimée), Sartène et les étendues encore 'sauvages' (pour le moins, bien protégées) de Figari.
Les deux autres voitures ont continué leur course folle par le massif de l'Ospedale d'où la vue plonge sur la baie de Porto-Vecchio.
Ils ont atteint Bonifacio à temps pour une belle promenade en bateau sur les eaux turquoises des bouches de Bonifacio.
A la tombée de la nuit, nous traversons le cimetière maritime, puis tous nous nous retrouvons dans la vieille ville. Le dîner est pris au port, au pied du bastion de l'Etendard.
Jour 4 : Porto Vecchio - Bastia
Retour vers le Nord et notre bateau qui nous attend à Bastia.
Une pause autour de Porto Vecchio : les uns cherchent des amis, les autres leurs souvenirs. On essaye d'approcher de la plage de Palombaggia, face aux îles Cerbicales : tout est construit.
Retour vers Porto Vecchio et l'arbre magnifique, Bel Ombra, qui occupe toute la grand'place du marché.
C'est jour de marché : on achète notre miel ... de l'Ospedale.
Les voitures se perdent à nouveau. Les uns trouveront une petite plage et des clémentines ; les autres attendront puis fileront visiter le site archéologique de Mariana, fondée par Marius au Ier s. av. J.-C. Moins célèbre qu'Aléria, les fouilles y ont repris depuis 2000 par une équipe corso-franco-italienne. Véronique recherche désespérément les mosaïques du baptistère du Ve s. ... recouvertes ? déposées ?
C'est à Mariana que s'élève la Canonica, chef-d'oeuvre de style pisan, consacrée en 1199 ; c'est dans cette cathédrale que furent intronisés les évêques d'Ajaccio jusqu'en 1801. Aujourd'hui située au bout des pistes de l'aéroport de Bastia, elle regarde défiler les avions chargés de touristes du monde entier.
Nous nous retrouverons tous à Bastia où Sylvie et Christophe nous attendent avec des amis pour une petite ballade dans la ville qui se terminera par un déjeuner sur le vieux port.
Après une pause chez les Blanc, où nous profitons du magnifique point de vue depuis la terrasse de Sylvie et Christophe...
... abandonnant les Amphoux qui prolongent leur séjour sur l'île de Beauté, nous redescendons au port où notre bateau nous attend.
Dîner, nuit à bord et arrivée au petit matin sur Marseille.
Que c'est beau un lever de soleil sur le vieux-port vu de mer !
Ce fut un très beau voyage. On en gardera une belle envie d'y retourner, en prenant le temps de goûter aux plaisirs de la vie corse.