Le Chambon-sur-Lignon, village de Justes

25 Avril 2012 , Rédigé par rc arlesdelta Publié dans #RCAD 2011-12

Les membres du RC Arles Delta et leurs invités se sont retrouvés le vendredi 20 avril pour un dîner avec conjoints et invités. Une belle conférence de Jean-Michel Eyraud (le petit frère, oui, oui...) nous a hissé vers un haut-lieu de la Résistance, Le Chambon-sur-Lignon, village de Justes. Rotarien de longue date comme son frère, Jean-Michel nous a évoqué le pays de leurs ancêtres, à Christian et lui, et l’attachement qu’ils avaient à cette terre.

Le Chambon sur Lignon est un lieu de mémoire. Un lieu de résistance. Un lieu qui a été honoré de la médaille des Justes par la fondation Yad Vashem pour l’action collective de ses habitants pendant la guerre avec l’accueil désintéressé de juifs pourchassés dont de nombreux enfants.

« Sur ce haut plateau aux hivers rudes, dans ce qui fut l'une des régions les plus déshéritées de notre pays, bravant tous les périls, des hommes et des femmes ont fait le choix du courage, de la générosité et de la dignité.
Ils ont fait le choix de la tolérance, de la solidarité et de la fraternité. L'histoire du Chambon sur Lignon épouse celle du combat pour la liberté de conscience et la tolérance. » Jacques Chirac, 2004.

Jean-Michel a fait vivre pour nous les actions admirables des habitants du Chambon en présentant la chronologie des faits depuis l’accueil des prédicants pourchassés au XVIIème siècle jusqu’à celui des boat-people à la fin des années 70.

Aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche, cette vieille terre de protestantisme a subi, dès la révocation de l'Edit de Nantes, l'épreuve de l'intolérance religieuse.

L'histoire du Plateau en quelques dates :

1598 : Accueil des « Prétendus Réformés ».

1685 : Protection des Ministres et des Prédicants, des hommes (condamnables aux galères à vie) ou des femmes menacées d’internement pour la simple détention d’une Bible ou d’un livre de sermons.

1790 : Protection des prêtres réfractaires. Accueil des « opiniâtres », ceux qui refusaient pour motif de conscience de renier leurs convictions.

1871 : Protection des Communards.

Puis, à la fin du XIXème, accueil des Hospitalounes (placement dans les fermes des enfants abandonnés ou placés aux hospices civils) et création des œuvres des Enfants à la Montagne (placement dans ces mêmes fermes d’enfants nécessiteux pendant l’été pour « prendre le bon air »).

1934 : Accueil des socialistes allemands et des premiers réfugiés juifs d’Allemagne.

1936 : Accueil des réfugiés espagnols.

1937 puis 1939 : Accueil des femmes et des enfants des camps de Bordeaux.

Enfin, dès 1940 : Accueil des enfants juifs des camps d’internement du Sud de la France, puis de nombreuses familles guidées là par le « bouche à oreilles ».

Aussi la protection donnée aux réfugiés avant et durant la dernière guerre mondiale n’était donc pas l'expression d'actes isolés que l’on pourrait sortir de leur contexte, mais bien une culture locale de l’accueil.

Si tout était prêt dans l'esprit des habitants du Chambon-sur-Lignon et des villages avoisinnants dès le début des persécutions juives, il a fallu aussi des hommes de conviction pour mener une entreprise d’une telle ampleur : les pasteurs Guillon, Trocmé, Theis ainsi que l’instituteur Darcissac ou des nombreuses autres personnes qui, pour beaucoup d’entre elles, ont été honorées elles aussi de la médaille des Justes.

Terre d'asile, le Chambon est depuis l'un de ces lieux où souffle l'esprit de résistance.

Merci à Jean-Michel qui nous a rappelé le devoir de Servir en tout temps. Il a laissé en nous un air du Plateau !